Comment to 'Hello '
Comment to Hello
  • L'argot n'est pas la même chose que le jargon, et le jargon est nécessaire pour parler de choses qui n'existent pas dans la langue courante… on créée les mots à la demande, c'est le principe d'une langue, sauf que le jargon est rattaché à des concepts définis, standardisés/uniformisés par des instances techniques (en particulier la Commission Internationale de l'Éclairage, pour nous ici), de sorte à pouvoir produire de la littérature technique et scientifique (et pédagogique) qui nomme les mêmes phénomènes avec les mêmes noms, ce qui aide beaucoup à l'utilisation de moteurs de recherche. Là encore, des logiciels comme Lightroom se font un plaisir de stupidifier les dénominations techniques, pour être bien sûr d'empêcher toute revue documentaire du sujet, des fois qu'on puisse transférer les connaissances à d'autres logiciels…

    Le bénéfice immédiat d'utiliser ce jargon est de pouvoir mettre en pratique dans Ansel des bouquins de coloristes écrits pour des logiciels de traitement vidéo ou de modélisation 3D, qui pour le coup n'ont pas cédé à la stupidification outrancière intervenue en photo au nom de l'élargissement du marché.

    L'objectif d'Ansel est de normaliser le design graphique pourri de Darktable, en particulier les paradigmes d'interaction utilisateur et la gestion des fichiers, de simplifier le workflow, et d'économiser des tas de recalculs redondants et parfaitement inutiles, sauf à utiliser son PC comme radiateur l'hiver. L'objectif n'est pas de niveler par le bas sur le plan photographique et colorimétrique, au nom d'une facilité d'utilisation illusoire qui ne saurait se faire sans limiter sérieusement l'usage (et la capacité à se sortir des situations d'éclairage périlleuses).

    Oui, la photo est encore un métier. Y a encore des gens qui font 2 à 3 ans d'école, post bac, pour l'apprendre. Je ne comprends pas ce que ça a de choquant. Dans toute discipline artistique, il y a des apprentissages à faire, des concepts à maîtriser, un historique à connaître un minimum, et des coups de main à prendre, et c'est incompréhensible seulement dans la mesure où on débarque avec la gueule enfarinée en s'attendant à ce que tout marche tout seul.

    Mais le travers que j'observe chez beaucoup d'ingénieurs, c'est effectivement de partir du principe que la photo est plus facile que leur vrai métier, et de remettre en cause l'outil dès que ce postulat est remis en question. "Si je suis classé comme intelligent et que je ne comprends pas sans effort, c'est donc mal conçu". Ça s'appelle de l'arrogance. On est prié de se pointer dans une discipline technico-artistique vieille de 140 ans avec un peu d'humilité.

    J'ai appris 3 instruments de musique dans ma vie, à clavier, à archet et à vent, à chaque fois je me retape le boulot (technique, vocabulaire, répertoire, gammes, symboles particuliers sur les partitions) sans pleurnicher. Les cours de théorie musicale ont le même contenu, peu importe qu'on en fasse en amateur ou qu'on se dirige vers la pratique professionnelle. Et là aussi, on a un jargon spécifique qui permet de gagner du temps au prix de la démocratisation du truc.

    Essaie d'apprendre la peinture, ça sera pareil… Glacis, lavis, ombrages, peindre gras sur maigre, mélanger des pigments (et non des couleurs), rien d'intuitif là dedans non plus. Par contre, on économise les soucis de gamut, de plage dynamique et de conversion d'espaces de couleur.

    Le logiciel de retouche photo permet d'appliquer et de doser des effets, encore faut-il comprendre la nature de ces effets et leur rôle dans la chaîne de traitement. Sinon je rappelle que les appareils photo numériques font de très beaux JPEG, et vous avez déjà payé le logiciel interne.